Petite histoire des systèmes d'alerte en France

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Du tocsin à FR-Alert

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Du 17e au 20e siècle : le tocsin

Faire sonner les cloches pour alerter la population d’un danger imminent a été utilisée à partir du Moyen-âge pour alerter et rassembler la population lors d’un incendie, une invasion ou une catastrophe naturelle, mais également pour appeler à la révolte comme en 1675 par les Bonnets Rouges en Bretagne, puis en 1914 pour annoncer à la population l’ordre de mobilisation générale, jusqu’à être progressivement remplacé par les sirènes. On ne sonne plus le tocsin depuis la Seconde Guerre Mondiale. Pour en savoir plus, les archives départementales de Seine-Maritime proposent une  exposition virtuelle interactive et en 360° intitulée « Tocsins et sirènes – Histoire de la protection des populations »

Années 1930 : les sirènes

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sirènes d’alerte ont peu à peu remplacé la sonnerie du tocsin. Elles prévenaient notamment la population lors de raids aériens. A partir de 1948, le Réseau national d’alerte (RNA) est constitué pour avertir la population en cas de danger grave et imminent. Chaque premier mercredi du mois à midi, on entend encore le son des sirènes lors des tests. Le système d’alerte actuel compte de plus de 2 000 sirènes en France raccordées à un logiciel de déclenchement que nombre d’élus jugent dépassé et peu efficace. 

2013 : Système d’Alerte et d’Informations aux Populations

Les sirènes sont modernisées et s’intègrent dans un système qui est appelé SAIP. Outre les sirènes, ce système d’alerte aux populations mobilise d’autres vecteurs d’informations comme les panneaux à messages variables sur les routes, les radios, et les réseaux sociaux.

8 juin 2016 : lancement de l’application mobile SAIP

Destinée à prévenir la population en cas d’attaque terroriste réelle ou supposée, cette application n’a jamais connu l’audience espérée et démontré des dysfonctionnements techniques. En effet, sur le plan pratique, seules les personnes qui l’avaient téléchargée pouvaient bénéficier des messages d’alerte, et l’application engendrait une consommation de batterie non négligeable. Sur le plan opérationnel, elle a été critiquée à plusieurs reprises, notamment lors de l’attentat de Nice, le soir du 14 juillet 2016, lorsqu’elle avait alerté ses utilisateurs avec deux heures de retard. L’application n’est plus opérationnelle depuis le 1er juin 2018. 

Depuis 2018 : diffusion renforcée sur les médias sociaux

Le gouvernement a décidé de diffuser de manière prioritaire les messages d’alerte du ministère de l’intérieur sur Google, Facebook et Twitter, en cas d’événement grave. Des efforts de référencement organique sur les moteurs de recherche, la fonctionnalité « safety check » sur Facebook, des messages d’alerte officiels sur Twitter sur son compte officiel @Beauvau_Alerte. Le ministère de l’Intérieur met également en place un partenariat avec la RATP, Vinci Autoroutes, Radio France et France Télévision, pour accroître la portée de la diffusion alertes.

11 décembre 2018 : Article 110 de la directive du Parlement Européen

Le 11 décembre 2018, l’Union européenne a publié une directive exigeant que tous ses États membres mettent en œuvre des systèmes d’alerte au public avant le 21 juin 2022 afin de mieux protéger les citoyens, les visiteurs et les touristes en cas de catastrophe naturelle ou d’autres situations de crise. L’article 110 stipule que le système d’alerte au public doit être basé sur téléphone mobile et capable d’envoyer des alertes de masse géolocalisées. 

24 septembre 2020 : annonce d’un nouveau système d’alerte

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur ont annoncé à Rouen la mise en place d’un nouveau système d’alerte de la population par téléphone mobile avant juin 2022. « C’est une révolution dans l’alerte à la population », a déclaré le ministre de l’Intérieur en précisant que « 50 millions d’euros ont été budgétisés » pour ce nouveau service. La France choisit de mettre en place la plateforme d'Intersec pour FR-Alert, un dispositif multicanal, c’est-à-dire associant plusieurs outils pour toucher le plus grand nombre d’individus, mêlant diffusion cellulaire et SMS géolocalisés. Il s’agit d’une avancée technologique majeure au service de la sécurité des citoyens et des visiteurs sur le territoire français puisque près de 100% des individus sur le territoire français pourront être avertis en cas de catastrophe. 

21 juin 2022 : date limite pour se conformer à la directive européenne

Date à laquelle les Etats membres de l’UE Bruxelles demande la mise en place pour juin 2022 de ce système.

Depuis juin 2022 : FR-Alert, nouveau système d’alerte en France

Gérald Darmanin annonce le déploiement du système d’alerte aux populations d’Intersec sur tout le territoire français. Les alertes pourront ainsi être diffusées simultanément, et selon la nature de la crise, sur les téléphones mobiles, mais aussi les sirènes, radios, sites web, réseaux sociaux, panneaux d’affichage électronique etc. Le déploiement se poursuivra en plusieurs phases : tests techniques du dispositif global auprès certaines préfectures, intégration de technologies et de canaux de diffusion additionnels, tests auprès d’échantillons de citoyens lors d’exercices de sécurité civile, formation des utilisateurs, déploiement du système dans les territoires d’Outre-Mer.

2023/2024 : vers un système d’alerte transfrontalier avec Galileo

Avec Galileo, le système pourra prouver son efficacité au-delà des frontières de la métropole française et avertir les populations en temps réel et de manière géolocalisée y compris lors d’incidents transfrontaliers. L’enjeu d’une véritable coopération européenne en terme de sécurité publique est capital et est largement ravivé depuis que l’armée russe s’est attaquée au peuple ukrainien. Il se révèlera notamment utile pour aider les équipes déployées en urgence sur le terrain à informer les populations civiles des processus d’évacuation, envoyer de l’information contextualisée en temps réel et au fur et à mesure que la situation évolue.